jeudi, février 10, 2005

Commentaire composé

C'est une montée d'escalier,
les premières marches, en angle.
A Aucelon, chez ma grande tante Marthe, je parie.
On dirait bien des murs de ferme, d'un blanc terni.
Un gros chardon est suspendu au fond, comme une énorme araignée.

Ils sont là, arrangés en pyramide.
Je suis au centre, en bas.
Je dois avoir un an, quelque chose comme ça.
Un doudou dans la main gauche, j'ai la tête tournée et je montre un truc de mon index droit, l'air inspiré, les yeux mi-clos... on dirait que je cause. Déjà !
Je suis toute mignonne, habillée en orange.
Laurence serait morte de rire, le orange seventies... toute une génération déguisée en Casimir !

Un doute m'envahit soudain :
et si ce n'était pas moi ?
Mais si. Non ?
A quoi se reconnait-on ?

Je suis à califourchon sur la cuisse de ma mère.
Elle a l'air d'avoir 16 ans. Une enfant.
Elle me brandit, comme un trophée.
Comme sur toutes mes photos de bébé, elle me montre, mais ne me serre jamais contre elle.

C'est toi qui me l'a fait remarquer, je ne l'oublierai jamais.
Toutes ces choses si importantes, qu'on ne voit pas.
On n'oublie jamais ceux qui nous les montrent.