Gratin d'oignons
Suzon avait la pêche hier soir.
Ses yeux avaient une bonne lueur,
combattive.
Sa meilleure amie meure.
Pas la fleur au fusil, non.
Plutôt genre à petit feu, avec souffrance et patch de morphine.
Suzanne y est allée mardi, elle lui a parlé, tenu la main,
guetté avec elle le retour de la douleur.
Peut-être leur dernier échange.
Bien sûr, ça l'a secouée.
Evidemment.
Mais elle tient le coup.
Et elle est là pour Marthe.
Elle sait la valeur de sa main dans la sienne.
Elle m'épate.
Alors hier soir, j'ai mis le paquet.
Amené de menus cadeaux, des petites soupes potiron-chataigne, fait des essayages de tenue sexy pour improbable soirée [rires], moqué sa nouvelle horloge kitchos en forme de sapin translucide [re-rires], demandé les recettes du gratin d'oignons, de celui aux cardons et à la moëlle, du gratin dauph' ["surtout, tu goûtes... il faut toujours goûter"].
Ecouté, surtout.
Samedi soir, il y a feu d'artifice à Moirans, vue imprenable depuis son balcon.
J'y serai.
Le 23, déjeuner de Noël au Foyer logement.
Elle y sera.
Elle est aussi décidée à raffler le gros lot au loto du mardi.
Elle voit des gens, papote, redevient Suzon.
Deux semaines...
Quand je pense au temps qu'il m'a fallu pour m'adapter à mon nouveau quartier !
Elle m'épate.
Résultat, je suis rentrée chez moi avec une énergie incroyable et rien pour la dépenser.
Je n'ai pas pu dormir de la nuit.
Je ne sais pas pourquoi je pleure, je vais bien.
Je l'aime tant.
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