Petafine
Un seul être va bien et je n'ai pas le droit d'avoir mal.
Suzanne me fait ça.
C'est comme ça.
Hier soir, je suis allée la voir.
Le thème : faire de la petafine comme mamie.
Un peu un prétexte en fait.
Lui montrer, concrètement, qu'elle est utile.
Parceque c'est difficile de montrer le reste, tout le reste.
Difficile de lui parler d'amour.
Alors voilà, je me suis rapidement retrouvée les mains dans le cambouis : un petit billy, un reste de petafine (question : comment faire si c'est la première fois qu'on en fait ou si on a tout morfalé ?), un gros tiers de bout de roquefort.
Et vazy que je pétris le tout. Maladroitement, comme un linguiste-informaticien.
Retour en enfance, à Mimi Cracra, qui en foutait de partout.
J'étais dans mon plaisir d'intello quand Suzanne s'est foutue en pétard, comme quoi je faisais pas bien, que je me trainais, pas foutue de pétrir comme il faut, que j'ai peur de mettre les mains, et "tu l'as goutée au moins ??"
Trop de roquefort, j'ai dis.
Bon, faut raper une vieille tome de chèvre dessus.
Bien entendu, j'utilise pas la rape comme il faut.
Comme je veux pas me bousiller les empreintes digitales, je reste zen, mais elle me gonfle, la vieille, là !
J'y dis, on s'engueule bien... c'est chouette quand elle n'est pas sans défense !
Ca fait tellement plaisir de lui en vouloir pour quelque chose qu'elle a fait, ou dit, et pas parcequ'elle n'a plus envie de se battre.
Le rapage terminé, c'est reparti pour une pétrigueulade.
Visiblement, je suis aussi nulle en finition.
Elle finit par se lever, tellement ça la démange.
Et là, elle fait ce petit geste magique sur les bords du saladier, avec ses doigts tout tordus, et la pate se décolle toute seule, aérée, matée.
Je suis dégoutée.
Pffff.
Suzanne, 91 ans dans 15 jours, est irremplaçable, même pour des conneries.
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