vendredi, mars 17, 2006

Saarbrücken Hbf

Le quai 2 ressemble à une voie 9 3/4 à l'allemande.
Au bout du 3, pas loin du 5, dans un coin perdu.
D'ailleurs, il n'y a personne.

J'adore ce sentiment d'être totalement hors du coup.
Les gens sont adorables, ils font plein d'efforts pour communiquer, expliquer.
Je ne comprends rien à l'allemand, et c'est un soulagement.
Même les billets, qui ne se compostent pas, me rappellent que je suis ailleurs.
Les cabines téléphoniques sont jaunes et rondouillardes, comme des bonbons.
Je me sens étrangement bien.

La journée a été dure.
Je ne me sens pas du tout à l'aise dans ce rôle d'avant-vente chez le client.
Je devrais être un engrenage dans une machine bien huilée, mais je grippe un peu.
Mon anglais est méconnaissable, je suis à cran, sur la défensive.
Je sais que ce n'est pas si important, que je ne suis qu'un rouage.
Justement.

Autant pour la précision teutonne, le train arrive finalement quai 3 !
Je venais à peine de trouver le 2...
Je m'asseois dans ce mono-wagon minuscule et rutilant, enfin vidée.
Soudain, ça me saute aux yeux.
La jeune femme de type asiatique dans le bar, c'était la même que ce matin.
Le type à côté n'était pas le même, par contre.
Elle bosse.
Ses clients ont en commun d'être gros et laids.
Elle est belle, mais abimée.

C'est la journée de la femme.